Bonjour Jean,
Merci de nous parler de cette région de Sibérie qui fait rêver tous les amoureux d’histoire et de littérature. Rien que les noms d’Irkourtsk, de Baïkal, de Sibérie font revivre en nous les héros de légende comme Michel Strogoff que tant d’entre nous ont lu à leur adolescence; nous revoyons la bravoure des cosaques, la cruauté des invasions des tartares. Le nom prestigieux d’Irkourtsk est aussi celui de éaville natale du plus grand danseur de tous les temps: Rudolf Noureev. Et comment échapper à la réminiscente nostalgie du poème de Sonia Delaunay et de Blaise Cendrars, : « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » et ce passage magnifique: 
« Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ? »
Nous sommes loin Jeanne, tu roules depuis sept jours tu es loin de Montmartre, de la butte qui t’a nourrie, du Sacré-Cœur contre lequel tu t’es blottie Paris a disparu et son énorme flambée il n’y a plus que les cendres continues la pluie qui tombe la tourbe qui se gonfle la Sibérie qui tourne les lourdes nappes de neige qui remontent et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleui. Le train palpite au cœur des horizons plombés Et ton chagrin ricane. »
Mon message est sans doute un peu long. Rassurez-vous, d’habitude je suis moins prolixe.
Mais, aussi, c’est un peu à cause de vous, Cher Jean, car vous ne nous faites pas partager qu’un simple récit motocycliste, vous ne nous faites pas seulement voyager à la rencontre de paysages et d’humains, mais vous suscitez la rencontre avec nous-mêmes, notre propre imaginaire, les livres de notre enfance et de notre adolescence; en bref, avec notre culture.
C’est magique et précieux et, tout en vous adressant mes voeux pour la suite de votre aventure, je vous adresse mes plus vifs remerciements et mes très cordiales salutations.

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